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Soutenance de thèse de Nicolas Degras ( Martinique, 29 04 2025)

La soutenance de thèse de Nicolas Degras a eu lieu le 29 avril 2025 sur le sujet : « Gestion participative de la population porcine d’origine férale de Martinique pour le développement d’un marché de niche dans un contexte de production agroécologique ».

Ces travaux de thèse, ont été dirigés par Jean-Luc Gourdine,  Ingénieur de Recherche HDR.

Le jury était composé de :

  • Mr VERRIER Etienne : Rapporteur, Professeur de Génétique animale, AgroParisTech
  • Mme ANDRIEU Nadine : Rapporteure, Directrice de recherche Agronome, CIRAD UMR INNOVATION
  • Mr LEROY Grégoire : Examinateur, Ingénieur Agronome, FAO
  • Mme LAUVIE Anne : Examinateure, Chargée de Recherche, zootechnicienne, UMR SELMET
  • Mr XANDE Xavier : Examinateur, Ingénieur en zootechnie, Chef de Service & Responsable EDE Pôle élevage
  • Mme LABATUT Julie : co-encadrante de la thèse,  Directrice de recherche en sciences de gestion
  • Mme LORANGER-MERCIRIS Gladys : Examinateure / Présidente du jury, Professeure des Universités,UA ECOTERCA
  • Mme MORIN Stéphanie : Membre invitée, Docteure en Toxicologie, Responsable du service expérimentation en Agriculture Durable, PNRM
  • Mr GOURDINE Jean-Luc : Directeur de la thèse, Ingénieur de Recherche en génétique Animale, INRAE UR ASSET
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Résumé
Depuis 2016, le PNRM a initié une démarche de conservation et de valorisation du porc féral de la Martinique. Cette initiative vise à développer à moyen terme une filière porcine d’excellence sous la forme d’un marché de niche à partir de la ressource en porc féral. Suite à un projet exploratoire en partenariat avec INRAE, il a été montré que les porcs férals et semi-férals de Martinique sont génétiquement originaux et de type Créole (Gourdine et al., 2019). Il apparait essentiel de les conserver et de les valoriser dans des schémas permettant à la fois la conservation et la valorisation de ces génotypes (maîtrise de la consanguinité), le développement d'une production de niche (différenciation des modes d'élevage par rapport aux schémas conventionnels) par la définition et la mise en place de pratiques agroécologiques et favorisant la conservation de la biodiversité locale. Le premier objectif de ce travail de thèse était de réaliser un état de l'art des démarches de gestion communautaires des animaux d’élevage et de proposer des scénarios de gestion de la population porcine d'origine férale de la Martinique, sur la base de l'existant (description et compréhension de la diversité des pratiques d'élevage) et des connaissances scientifiques. Le second objectif de ce travail de thèse était d'identifier des itinéraires techniques et des pratiques agroécologiques appropriables par les éleveurs via des ateliers de travail participatifs. Tout d’abord, une caractérisation génétique des porcs créoles de la Martinique a été réalisée par l’utilisation d’outils génomiques tels que les marqueurs SNP. Ensuite, une démarche de co-conception a été réalisée en mobilisant la méthodologie D-KCP (Diagnostic, Knowledge, Concepts, Proposals), incluant quatre phases : i) diagnostic sociotechnique, ii) partage de connaissances, iii) exploration de concepts et iv) élaboration d’un plan d’actions. Deux ateliers participatifs ont été mis en place. Enfin, pour la première fois, les performances de croissance des porcs créoles ont été évaluées auprès des derniers éleveurs du PNRM (élevage A et B), une enquête consommateur a été réalisée suite à un test de dégustation des participants et le consentement à payer pour des produits issus de porcs créoles élevés de façon agroécologique a été évalué. Les résultats ont montré que les porcs férals et semi-férals sont similaire aux races porcines créoles d’Amérique avec une origine ibérique supérieure à 20 %. Les porcs férals vivent dans les Réserves Biologiques Intégrale (RBI) du nord de la Martinique et sont au cœur d’importantes tensions entre les acteurs du territoire, impactant les cultures des agriculteurs avec des pertes allant de 15% à 100% de pertes, ayant impacts sur la biodiversité (consommation d’œufs de tortue marine et de plantes indigènes) et posant d’important problèmes de gestion et de régulation aux acteurs du territoire. L’atelier participatif en faveur de la gestion territoriale du porc féral a permis d’identifier sept scénarios de gestion du porc féral, favorisant sa régulation, sa re-domestication et sa valorisation. L’atelier participatif autour de sa re-domestication a permis la co-construction de trois itinéraires techniques favorisant l’élevage en plein air avec des pratiques agroécologiques comme la promotion de l'alimentation porcine à base de ressources locales (ex. canne-à-sucre, banane) et la production de produits finaux transformés de haute qualité (ex. jambon sec, jambon boucané), vendus en circuit court. Le gain moyen quotidien (GMQ) des porcs créoles en finition était plus élevé dans l'élevage A que dans l'élevage B (256 vs. 100 g/j, P < 0,001) entraînant un poids de carcasse chaude plus élevé dans l'élevage A que dans l'élevage B (41,3 vs. 33,5 kg, P < 0,01), et un meilleur rendement carcasse chaude dans l'élevage B que dans l'élevage A (74,0 vs. 68,8 %, P < 0,01). Au test sensoriel, les consommateurs ont attribué une note plus élevée à la viande provenant des porcs créoles les plus jeunes (élevage B), notamment pour la tendreté et la jutosité (+0,94 et +0,55 points, P < 0,05 et P= 0,10, respectivement). Les consommateurs interrogés sont prêts à payer plus cher pour des produits transformés à base de porc créole (jambon, saucisson, etc.) que pour des produits issus de l’élevage industriel. Ces itinéraires techniques agroécologiques et les scénarios de gestion participative seront des éléments clés permettant de définir un cahier des charges pour aller vers une reconnaissance de la race porcine créole de Martinique et une démarcation des produits issus de ces élevages.

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